Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Embrun 1939-1945
13 avril 2020

Les bombardements

Dans les années 1944, pour préparer l’avancée des troupes alliées et affaiblir l’occupant en l’immobilisant, les bombardements vont se multiplier, faisant de nombreuses victimes parmi la population.

Du 15 au 19 août 1944, 455 bombes sont déversées sur Sisteron, faisant 141 victimes civiles et 120 blessés. Le 26 mai 1944, les bombardements sur Lyon avaient fait 1 800 victimes et 20 000 sinistrés

Les images des bombardements de Sisteron qui ont fait 141 tués. Bombardement Août 44 © JeanPierre 2013

Le 19 août 1944, jour de marché à Embrun vers 9 heures du matin, le pont de La Clapière, et le viaduc de Bramafan sont bombardés. On peut s'interroger maintenant sur l'utilité de ces bombardements : les Allemands avaient déjà désertés la ville et les destructions ont juste retardés l'avancée des troupes alliées.

Éviter les bombardements

Si les Anglais et les chasseurs français vont au contact, prenant des risques en bravant la DCA allemande, pour cibler les objectifs avec leurs bombes et diminuer les dommages collatéraux, les Américains appliquent la technique du tapis de bombes. Rester à haute altitude, hors de portée des tirs de défense allemands et noyer largement de bombes, sans discernement, les objectifs et ce qui les entoure, engendrant de nombreuses destructions et victimes dans la population française.

4408 Bombardement Sisteron 02

455 bombes tombent en 4 jours sur Sisteron tuant 141 personnes. Image colorisée.

Pour éviter ces bombardements, la Résistance propose et organise plusieurs sabotages dans la région :

En 1943, la population de l’Argentière vit dans la peur, sous la menace de ces bombardements : elle sait que les usines, qui produisent de l’aluminium et des composants d’explosifs, doivent être neutralisées et sont dans les objectifs alliés. Paul Héraud propose de saboter les conduites forcées. Une première tentative en novembre 1943 ne donne pas les résultats attendus. Les alliés acceptent de repousser leurs bombardements après le 31 décembre 1943. Ils veulent une preuve visible du ciel, attestant du succès des opérations de sabotage. 1 semaine avant la fin de cet ultimatum, le commando de maquisards réussit, sauvant ainsi la population d’un bombardement et de ses conséquences sur la ville.

Tract américain bombardement

Tract américain parachuté pour justifier les bombardements auprès de la population.

De même, comme le raconte Paul-Émile Serres, la Résistance sabote le pont routier de Savines pour éviter un bombardement programmé, le 15 août 1945. C’est le commando Hermine venu de la Résistance du Champsaur par le col de la Coupa avec dans ses rangs un artificier anglais qui opère en plein jour (1).

Bombes et avion perdus

Roger Cézanne raconte, qu’alors enfant, il gardait les chèvres dans la montagne et qu’il a failli être tué par une bombe larguée d'un avion en difficulté.

Léon Silve témoigne sur un avion qui s’est craché du côté de Prunières. La Résistance de Savines a pu mettre en sécurité son équipage.


« Plus à craindre les bombardements anglo-américains que les SS »

C’est un sentiment partagé dans la population et les Résistants comme le rapporte Roger Cézanne :

Le n° 32 du Franc-Tireur Édition Sud du 6 juin 1944, paru au nez et à la barbe de la Gestapo et de la Milice, n’hésitera d’ailleurs pas à écrire :

« … Mais que des forteresses volantes américaines volant à 5 000 mètres, sans qu’aucun tir de la DCA ne les gêne, enflamment et ravagent pour des résultats non proportionnels au désastre des rues et boulevards, ceci est un défi au bob sens et à notre effort commun contre le même ennemi.Nous savons bien que nos alliés n’ont nullement l’intention de nous faire mal, mais les morts ressemblent aux morts, et quand les bombardiers américains en font ces jours-ci 700, 1 000 ou 1 500 par ville, la France éprouve au cœur une grande amertume. » 

440526 Bombardement Lyon

Bombardement de Lyon en mai 1944. 1 800 tués « Les aviateurs lancèrent leurs bombes de si haut qu'elles n'atteignirent que rarement leurs cibles»

Dans Avoir 20 ans en 1940, Adrien Nemoz écrira également : « Le bombardement américain du 26 mai 44 restera gravé dans les mémoires. Les aviateurs lancèrent leurs bombes de si haut, qu’elles n’atteignirent que rarement leurs cibles.(…)  Il y eut 1 800 victimes et 20 000  sinistrés. ».  « Les Français des grandes villes en viennent à craindre beaucoup plus les bombardements anglo-américains que les SS…. » ajoutera un autre, ajoutant la phrase d’un évêque Résistant qui déclare : « Ce n’est plus la guerre, c’est de l’assassinat collectif ! » (1)

Bombardier américain B24

Bombardier américain B 24  faisant un tapis de bombes.


 (1) Roger Cézanne Nouvelle monographie de la commune de Crots .


 

Publicité
Commentaires
Publicité

Notre site a déménagé. Plus beau, plus complet : https://embrun3945.wordpress.com/

Bienvenue dans ce blog consacré à la vie embrunaise durant la seconde guerre mondiale : la vie quotidienne, les maquis, les acteurs, les bombardements, les victimes, les différents destins. De l'occupation italienne à la libération, le récit de ces 6 années à partir de documents, de mémoires tirés souvent à quelques exemplaires à compte d'auteurs et que l'on ne retrouve pas toujours sur Internet.

Le plan du site
Publicité