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Embrun 1939-1945
21 avril 2020

Les lendemains de la libération

Après ces années d’oppression, même si l’on a une pensée pour ceux qui sont encore prisonniers en Allemagne et dont on n’a pas de nouvelles, comme Nicolas Martial, le moment est venu de rattrapper le temps perdu..

Voiture FFI

Traction-avant Citroën  de Louis Allemand de Théus. Une voiture marquant de cette période, comme la Jeep. Photo Roger Cézanne

Avec les Américains, les Embrunais découvrent les Jeeps, les corned-beef, les chim gums, le jazz… et les soldats noirs. On se défoule, on va au bal. Il y aura des mariages. On note même un mariage entre une jeune fille de Beauvillard et un prisonnier allemand ancien pilote de guerre, aujourd’hui décédé, apprécié de tous.

L’épuration

Il y aura aussi le côté sombre avec l’épuration. On a tous en tête les femmes tondues pour leur collaboration horizontale.

Femme tondue

Femme tondue à la libération. Accusée de collaboration horizontale.

Quelques règlements de comptes avaient eu lieu : des jeunes personnes qui s’étaient peut-être trop montrées avec les occupants avaient été tondues à ras et des collaborateurs ou supposés tels, avaient été arrêtés sans douceur. Ce furent les ouvriers de la 11ème heure et ceux qui cherchaient à se dédouaner, qui firent preuve de beaucoup de zèle dans ce genre d’activités qui ne leur faisaient pas courir grands risques.  Dans l’ensemble, à part ce spectacle affligeant des filles tondues, il n’y eut pas vraiment d’excès, alors qu’on aurait pu craindre le pire.(1)

Il y eut certains arrangements avec la vérité. L’exécution des miliciens passée sous silence. D’autres morts suspectes, comme celle de Marcel Baudouard, garde forestier à Savines et Résistant. Lors d’une descente de Pontis, il aurait tenté de précipiter un camion de la Résistance avec des maquisards à bord dans un fossé et se serait enfui. On l’a retrouvé mort ensuite le long de la Durance. Exécuté par la Résistance ou mort au combat contre les Allemands. C’est cette seconde version qui a été retenue, et son nom est inscrit sur celui du monument aux morts de Théus. Sa fille écrira un livre Ondes de choc.

Monument Theus

Monuments de Théus. L'histoire retiendra que Marcel Boudouard est mort en héros.

Il y eut des exécutions, comme celle semble-t-il de Pierre Cheylan du Villaret aux Crottes pour fait de collaboration à Marseille (2). Il y eut aussi à Gap le massacre du pont de l'Archidiacre.

De même, le père de Paul Teston, le traitre du Boscodon, ne saura jamais la vérité. Cet ancien soldat de 14-18 restera persuadé que son fils – abattu par la Résistance- est mort en héros face aux Allemands.

La vie reprend…

Dès la Libération, la vie reprend. La presse collabo passe aux mains des vainqueurs. Le Petit Dauphinois devient Le Dauphiné libéré autour des mouvements de Résistance ; Le petit Marseillais devient La Marseillaise proche des mouvements de Résistance communistes… Les femmes, en 1947, pour la 1ère fois vont se rendre aux urnes.

La terre

La terre, journal d'inspiration communiste, rentrera dans les campagnes aux côtés de son concurrent Le sillon alpin

… et les rumeurs persistent

On dit ironiquement que durant la guerre, il y avait une moitié de la population qui faisait de la Résistance et tout le monde le savait, une autre moitié qui faisait de la Résistance, mais personne en le savait, et une 3ème moitié qui ne devait pas en faire.

Il y a les suspicions sur les dénonciations, les enrichissements suspects (marché noir ? détournement de billets bleus parachutés ?), les dénonciations. Ce sera le temps des rumeurs comme le raconte Marcel Imbert autour du maquis du Boscodon.

[La suspicion] empoisonnera les relations durant de nombreuses décennies, où l’inévitable rumeur continuera de faire son bonhomme de chemin à défaut de réels ravages.  Tout cela fera que, malgré tout on ne retrouvera jamais  plus ce grand sentiment de fraternité, qui après 1918 avait prévalu dans nos sociétés rurales à l’issue du conflit, jusqu’en 1940. (2)


(1) René Eymin Itinéraire 1940-1945

(2) Roger Cézanne Nouvelle monographie de la commune de Crots


 

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Bienvenue dans ce blog consacré à la vie embrunaise durant la seconde guerre mondiale : la vie quotidienne, les maquis, les acteurs, les bombardements, les victimes, les différents destins. De l'occupation italienne à la libération, le récit de ces 6 années à partir de documents, de mémoires tirés souvent à quelques exemplaires à compte d'auteurs et que l'on ne retrouve pas toujours sur Internet.

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