L'occupation Allemande
9 septembre 1943, les Allemands arrivent à Embrun. Les Italiens sont partis dans la nuit après avoir ouvert la prison et laissé du matériel.
Arrivée d'un bataillon d'instruction de Chasseurs Alpins allemands de la 157° Réserve de division dans les Hautes-Alpes en septembre 1943 (Collection Helmer)
Dès le départ des Italiens, environ 150 militaires de la Wehrmacht et une antenne de la Gestapo s'installent dans les casernes Delaroche et Surian.
Le couvre-feu
Dans les Hautes-Alpes, les nouveaux maîtres commencent par instituer le couvre-feu (de 21 heures à 6 heures du matin) et l’occultation des lumières. Les Allemands tirent sur toute fenêtre éclairée (...) (1).
Traction-avant Citroën durant la guerre. Elle fonctionne au gazogène, l'essence n'est pas disponible. Les phares sont en partie obturés pour ne pas être repérée de nuit par les avions.
Parmi les règles du couvre-feu, citons l’obligation pour chaque foyer de calfeutrer toutes les fenêtres éclairées de la maison, en vue d’éviter tout repérage des lieux habités par d’éventuels survols de l’aviation alliée. Une précaution souvent superflue, dans bizen des hameaux de notre commune [Les Crottes] vu les fréquentes pannes prolongées de courant ! Au Bois [hameau de Crots] l’arrivée de l’électricité – que quelques foyers refusèrent au départ – était un luxe récent arrivé, il y a à peine 10 ans (1933), d’un usage réduit la plupart du temps, à une simple ampoule de 40 watts. (2)
Il était également interdit de détenir une arme à feu sous peine de déportation ou de peine de mort.
Une mesure qui ne va pas être du tout du goût de nos montagnards, chasseurs invétérés. [ Si l’on voit des fusils s’entasser à la mairie ] quelques insoumis vont passer outre. Et prendre des risques. Au Bois je me souviens d’avoir découvert – les enfants, ça furette partout – le fusil d’un voisin (Marius Avon) soigneusement dissimulé sous les souspentes de la chapelle et un peu plus loin dans la nature celui du Pierrette (Pierre Avon), un ancien qui avait connu les Prussiens de la guerre de 70, bien caché sous un aqueduc du biaou commun (le canal d’arrosage). (2)
La Gestapo entre en action
Avec l’occupation allemande, l’occupation jusqu’ici légère va se faire plus pesante. Avec la Wehrmacht est arrivée la sinistre Gestapo cruelle et efficace (1).
Les Terroristes sont pourchassés, torturés, fusillés ou déportés. Selon une statistique dressée par le Colonel Terrasson-Duvernon (…) le nombre des déportés des Hautes-Alpes s’est élevé à 172 (dont 124 Résistants) avec un maximum d’arrestations en novembre 1943 et en avril 1944. Sur ces 173 déportés, 83 ne rentreront pas des camps de la mort nazis (…) (1).
À côté des menaces de l’occupant, il y a la vie quotidienne racontée par ceux qui ont vécu ces moments.
(1) Henri Béraud La seconde guerre mondiale dans les Hautes-Alpes et l’Ubaye
(2) Roger Cézanne Nouvelle monographie de la commune de Crots .