Les parachutages du Morgon

Le rôle de l’unité de Boscodon, tout au moins pour ce qui restait des effectifs après le 16 mai [1944, rafle du Boscodon ], sera néanmoins déterminant dans les opérations de parachutage, de récupération d’armes et de munitions, et d’autres denrées alimentaires et vestimentaires, qui eut le cirque privilégié de Morgon pour théâtre, effectuées en collaboration avec le maquis voisin et dirigé par Gilbert Galetti, entrepreneur de transport bien connu des Guillestrois. (1)

Le cirque du Morgon était un lieu privilégié pour des parachutages : isolé, élevé, on pouvait allumer des feux de repérages invisibles de la vallée.

Il y en eut 2 réussies durant l’été 44, le 24 mai et le 15 juin (4 tonnes de matériel) (2).

Le roc d’Embrun est toujours solide

Effectués de nuit, les appareils amis se repéraient grâce à des feux allumés au sol par des maquisards, avant de larguer les containers au plus juste.  Les livraisons étaient récupérées aussitôt (…) et le matériel planqué sous les rochers et les éboulis. Chaque opération était annoncée 2 ou 3 jours à l’avance par un message codé diffusé par la BBC du type : « Le roc d’Embrun est encore solide » ou « on a mangé des truites ce soir ». (1)

En 1944, quelques containers parachuté de nuit, s'égarèrent dans les barres et éboulis escarpés du versant sud du Morgon. Certains dorment encore. D'autres ont été récupérés par des collectionneurs. Photo Roger Cézanne.

Le tout sera distribué entre maquis. Une partie sera plus ou moins discrètement stocké comme par Georges Mallet à l’école des bois. Une autre partie ramenée vers Savines par Léon Silve.

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Récits des parachutages par le S.O.E. (membre des services secrets britanniques détaché sur ce type d’opération) Paul Bertrand et rapporté par Sylvain Reynaud dans son mémoire :

Comme partout ailleurs l’annonce d’un parachutage était faite par la BBC dans son programme français à l’heure des messages. Celui concernant le terrain du plateau de Morgon était : « on a mangé des truites ce soir ».

Lors des 2 opérations à Morgon, le processus a été le même. À la réception du message, les Résistants de Savines montaient avertir les maquisards qui se tenaient en permanence près du lieu de parachutage. Ils préparaient ensemble 4 tas de branchages aux 4 coins du terrain. Les brasiers étaient     allumés lors du 1^er passage de reconnaissance du ou des avions. Une fois l’emplacement repéré, ils se présentaient à nouveau une dizaine de minutes plus tard sur le site, toujours direction Sud-Nord. Ils arrivaient par un col versant Ubaye, à basse altitude à 700 ou 800 mètres, larguaient leurs containers et sortaient côté Savines « non sans avoir salué les gars d’en bas d’un mouvement d’ailes » geste qui, pour Georges Mallet signifiait la solidarité de ceux qui menaient la lutte à l’extérieur, avec la Résistance intérieure.

P. Bertrand estime entre 40 et 50, le nombre de containers largués lors des 2 parachutages, seuls 5 ou 6 se sont écrasés (parachutes en torche) ou perdus sur le versant Ubaye. (…) Pour les armes fragiles, ce sont des parachutes en soie, et pour les autres en toile, les objets non fragiles (chaussures, vêtements…) quant à eux étaient lâchés comme ça. Avant le lever du jour, les containers étaient cachés dans les éboulis de pierres et recouverts, les parachutes dissimulés dans les grottes. Le contenu (fusils Remington, mitrailleuses sur affût Thomson, mitraillettes Sten, grenades soufflantes (…) explosifs Plastic, détonateurs, mèches, rations de nourriture de l’armée, cigarettes…) était chargé sur des traineaux et mis en lieu sûr (…) (3)

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(1) Roger Cézanne Nouvelle monographie de la commune de Crots .

(2) R Meyer-Moyne - M.C. Olivero - J. Feuillassier - E. Moyne1940-1945 Le temps du refus La Résistance dans le Guillestrois / Queyras

(3)Sylvain Reynaud Les maquis de l'Embrunais secteur G de la Résistance des Hautes-Alpes. Mémoire de Maîtrise d'histoire.

Lire le témoignage de Marcel Imbert, sur le choix du lieu.

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