La libération d'Embrun
Le 21 août les premiers Américains pénètrent dans Embrun, déserté par les Allemands.
Le plan de harcèlement de la Résistance, de saboter les voies de chemin de fer (suivant le plan vert), d’attaquer camions et convois de l’occupant porte ses fruits. Les Allemands surestiment l’importance des maquis, même si ceux-ci viennent d’être rejoints par les soldats de la dernière heure.
Le 15 août, les gendarmes d'Embrun avec le Lieutenant Borel rejoindront en bloc le maquis. (2)
Le 19 août, les bombardements du pont de la Clapière et du viaduc ferroviaire de Bramafan font partir les Allemands d’Embrun.
Les éléments américains du 180ème régiment de la 45 ème division d'infanterie arrivent à Embrun, par la route des Puys, le Pont de Savines ayant été aussi détruit par la Résistance, à la demande des Alliés. C’est la 1ère Jeep que voient les Hauts-Alpins. Les Américains continuent sur Châteauroux où ils rencontrent des maquisards chargés d’interdire aux troupes allemandes la route 94.
21 août 1944. Les premiers soldats Américains arrivent à Embrun dans une Jeep. Photo tirée de la plaquette Embrun Libérée, colorisée. (1)
21 août 1944 après-midi. Les Embrunais se recueillent avec les maquisards devant le monument au mort. Photo tirée de la plaquette Embrun Libérée, colorisée.(1)
En marge des opérations de libération on note plusieurs bavures.
Monsieur Villiers du château de la Robeyère à Embrun, pionnier de l'aéronautique et Résistant est abattu à la Mallefosse près de Chorges par des partisans ayant confondu sa voiture avec celle de la Gestapo.
Louis Faure de Puy-Sanières sera abattu de nuit par des sentinelles espagnoles (des unités légères de combattants étrangers) sur le qui-vive, selon Marcel Paris ancien maire du village. Le nom de Louis Faure sera ajouté à celui des victimes de guerre sur le monument aux morts.
Le 29 août 1944, l’avant-garde de la division du général Guillaume, enfant de Guillestre, entre dans la ville avec ses goumiers. Embrun est définitivement libre. On pouvait faire sonner les cloches.
A la tête de ses goumiers marocains, le Général Guillaume revient dans son pays natal, Guillestre en septembre 1944 - (coll. Musée des goumiers marocains à Montsoreau)
Voici dans les recommandations parachutés pour les populations les 5 règles que demandaient de suivre les Alliés :
Français, la libération a commencé. En ce moment même, les armées alliées sur le sol de France, viennent vous délivrer. Voici les 5 règles cardinales que nous vous engageons à suivre jusqu’à l’arrivée des armées amies :
1. N’encombrez pas les routes. Nous en avons un besoin absolu. Le Boche cherchera par toutes les rumeurs, tous les prétextes, à vous y faire circuler. Dans aucun cas, ne vous laissez provoquer à encombrer les routes.
2. Ne cherchez pas à franchir les lignes. Dans la zone de combat, les opérations militaires priment tout. Vous risqueriez d’entraver la victoire, et vous risqueriez aussi votre propre vie. Restez chez vous.
Autre tract largué depuis les avions à destination des populations encore occupées, après le débarquement allié.
3. Observez les mouvements boches. Prenez note mentalement du déplacement des troupes et du matériel boches, du nom ou du signalement des officiers allemands, des ressources militaires de votre région. Les services de renseignements alliés auront besoin de cette documentation.
4. Soyez disciplinés. Si vous êtes de la Résistance organisée, obéissez à vos chefs. Si non, demandez conseil à vos amis. Aujourd’hui, il ne peut être question d’actions individuelles. Seule, toute la Nation, disciplinée, unifiée, agissant aux côtés des Alliés, peut chasser le Boche.
5. Ne suivez pas les instructions officielles. Ne commettez aucun acte prématuré. Écoutez les radios alliées officielles. Méfiez-vous des rumeurs. Rappelez-vous qu’aucun ordre allié ne vous demandera de vous exposer inutilement, de courir des risques excessifs. Méfiez-vous de la fourberie boche. Courage, la lutte finale a commencé. (1)
(1) Embrun libérée Plaquette éditée pour les 60 ans de la Libération d'Embrun
(2) Richard Duchamblo Maquisards et Gestapo