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Embrun 1939-1945
19 avril 2020

Quand la Gestapo conduit un responsable de la Résistance à une réunion secrète

À côté des tragédies il y eut aussi des moments relevant de la comédie, style La grande vadrouille.

Le général Eymin a raconté à Roger Cézanne un évènement cocasse. Du temps où il était lieutenant à la tête du maquis des Orres, il doit se rendre à une réunion forcément secrète de l’Organisation de Résistance de l’Armée, l’une des composantes de la Résistance. Roger Cézanne rapporte son récit suivant :

René Eymin colorisé

Général René Eymin. Photo Roger Cézanne colorisée.

Descendu (à pied) des Orres à Embrun, Eymin cherche en vain dans la ville un moyen de transport ; pas de transports en commun et peu de civils circulant alors sur les routes. C'est alors en désespoir de cause qu'il se résigne à aller frapper la porte de la caserne Delaroche, siège de la garnison allemande - pas très virulente d'ailleurs dira-t-il - Il y est accueilli peu aimablement par une sentinelle [qui vocifère] (…). Les éclats de voix de cet échange peu courtois attirent bientôt l'attention du Chef de Poste, qui lui s'exprime plus correctement dans notre langue.

Caserne Delaroche colorisée

La caserne Delaroche, siège de la Wehrmacht et de la Gestapo à Embrun. Carte postale colorisée

« Je dois descendre à Gap voir ma mère bien malade » dis-je. Celui-ci semble vouloir compatir et me propose un véhicule qui va descendre un chargement de linge sale ; j'accepte non sans appréhension et je monte à bord d'une camionnette découverte aux côtés des 7 ou 8 soldats de l’escorte en armes, et des ballots de linge : grosse crainte alors, que les Embrunais ne me voient en pareil équipage, et qu'en chemin mes amis du maquis de Savines ou de Prunières ne tentent une attaque de ce véhicule isolé. Nous arrivons toutefois sans encombre à la caserne Reynier où j'aide à décharger les ballots avant de m’éclipser, nous donnant rendez-vous en fin d'après-midi.

Ma réunion tenue dans le quartier de Charance terminée, je me retrouve au même lieu à l'heure dite. J'aide au chargement des ballots de linge propre, et nous reprenons la route, bavardant tant bien que mal de choses et d'autres, avec ces ennemis d'hier et de demain mis en confiance, devenus par ma ruse des « camarades d'un jour. Arrivés à Embrun, je prends congé fort poliment, remerciant aimablement avec une certaine effusion mes hôtes, avant de m'éclipser prestement pour rejoindre, toujours à pied, mes hommes aux Salettes, qui seront eux fort amusés on s'en doute par cette aventure. (1)


 (1) Roger Cézanne Nouvelle monographie de la commune de Crots


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Bienvenue dans ce blog consacré à la vie embrunaise durant la seconde guerre mondiale : la vie quotidienne, les maquis, les acteurs, les bombardements, les victimes, les différents destins. De l'occupation italienne à la libération, le récit de ces 6 années à partir de documents, de mémoires tirés souvent à quelques exemplaires à compte d'auteurs et que l'on ne retrouve pas toujours sur Internet.

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