L'embuscade des Eaux-douces rapportée par le milicien survivant
Un seul milicien survivra à l'embuscade des Eaux-douces en s'échappant. Extrait du rapport de son chef de Milice publié dans Le temps du refus (1)
Le 26 juillet, un camion de ravitaillement du centre de Montdauphin [caserne de troupes allemandes et de la Milice] arrive à Gap tôt le matin, escorté de 10 Francs-Gardes [bras armés de la Milice] sous le commandement du chef Deluc, Directeur de la Coopérative et du chef adjoint Ferrand. Ils veulent repartir tôt, vers 10 heures, car ils craignent une embuscade, cependant pour diverses raisons, ils ne quittent Gap que vers midi…
Lieu de l'attaque avec le monument érigé. Le monument a été déplacé avec la construction du barrage. Document colorisé à partir d'une photo de Roger Cézanne.
Un peu après Savines, ce camion a fait l’objet d’une attaque. Il ne reste qu’un seul survivant, lequel m’a raconté ce qui suit :
« Dans un virage de la route qui surplombe la Durance, nous vîmes sur un éperon rocheux une cinquantaine de Maquisards qui ouvrirent le feu sur le camion. Je me trouvais sur la plate-forme arrière avec mes camarades. Je fus très étonné de voir que le camion s’arrêtait plutôt que de foncer. Tous les Francs-Gardes se rangèrent à l’arrière du camion ou au bord de la route pour ne pas donner prise au feu de l’ennemi qui paraissait très fortement armé. Au moment où nous descendons du camion, un terroriste se détache à 20 mètres environ. Je l’ajuste en disant à mes camarades : « Visez bien et juste ; ne gaspillez pas les munitions. Nous les aurons… » Je tire. Je vois l’homme tomber. Couché derrière les roues jumelées du camion, je continue à tirer.
Un milicien en uniforme
Le combat dure 3 minutes environ, puis on décide de se rendre, car la moitié de notre effectif est déjà hors de combat. Le chef Duluc agite un mouchoir blanc. Les terroristes répondent de jeter les armes.
Moi, je refuse de me rendre. Comme je n’ai plus de munitions, je prends celle d’un camarade, je fais feu sur les roues pour crever les pneus puis je pars en courant et en zigzaguant sur la route, sous une rafale de balles en direction de Savines. À l’entrée du village, une camionnette du Secours National arrive en ma direction. Je la fais stopper sous la menace et lui ordonne de me conduire à Gap ».
Montdauphin, lieu de casernement de la milice et de troupes allemandes
L’auteur ajoute :
« J’ai appris plus tard que les Francs-Gardes du centre de Montdauphin, ne voyant pas venir leurs camarades, se sont portés le même jour sur la route de Gap à leur rencontre. Mais à peine parvenus à 500 mètres du pont de Saint-Clément, ils ont été pris sous le feu violent des maquis de Réotier et de Risoul. »
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