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Embrun 1939-1945
4 octobre 1999

Léon Silve

Léon Silve

Léon Silve. Entre dans la Résistance à 19 ans à Savines. Aide à la récupération de matériel des parachutages du Morgon. Maire de Savines-le-lac de mars 1983 à juin 1995. Document Paroles de Résistants

Voici le témoignage de Léon Silve recueilli par le site Paroles de Résistants :

Je suis né le 21 août 1924, à Savines (l’ancien Savines).  J’ai commencé à porter du ravitaillement au groupe de réfractaires qui était dans le Morgon, en 1943, sous l’occupation italienne. Nous étions en zone libre et avons été occupés par les Italiens après le débarquement des Alliés en Algérie. Les Italiens n’étaient pas très violents. On les traitait de Macaronis, ils ne nous ont jamais fusillés pour ça. Ils nous répondaient Mange-patates.

Je faisais partie de l’équipe de football de Savines dont le président était ingénieur des Ponts-et-Chaussées. [Monsieur Serres] Un jour, il me fait appeler après le match et m’a dit : « Je vais te confier une mission. Je sais qu’avec ton collègue Jeannot vous êtes en contact et avez ravitaillé les réfractaires de Morgon avant la dispersion de cet hiver. Il faut monter à Morgon avertir le groupe d’un parachutage attendu, préparer le bois pour allumer les feux. Va avec ton collègue Jeannot »

Les parachutages

C’est ainsi que nous sommes entrés dans la Résistance. Le parachutage s’est effectué et a été réceptionné par Monsieur Imbert, chef du maquis du Boscodon et Monsieur Galieti [responsable des parachutages].

Je suis allé 2 fois chercher les containers. La 1ère fois peu de temps après le 1er parachutage de juin 1944. Parmi les containers parachutés, il fallait en récupérer 6. Monsieur Imbert et le groupe du Boscodon en récupérait une partie. Nous étions exploitants forestiers et avions les 6 chevaux, 2 traineaux et 4 personnes : 2 conducteurs et 2 collègues pour retenir les traineaux sans frein dans la descente. Je suis monté avec mon collègue Jeannot, Raoul et Léon pour les récupérer. Avec Monsieur Yvan de la Résistance nous les avons enterrés dans des clapiers à la lisière de la forêt avant Savines. Nous avons exécuté les ordres.

Notre deuxième fois fut après le débarquement de Provence. Nous avons récupéré tous les containers. Le maquis du Boscodon avait été entretemps trahi et démantelé.

L’embuscade des Eaux-douces

Le plus important à Savines, le seul acte de Résistance a été l’embuscade organisée par les lieutenants Mallet et Casanova qui était chef du maquis de Pontis, contre un camion de la milice. Même encore aujourd’hui, nous avons un peu le grief de n’avoir pu y participer.

Voilà comment cela s’est passé : le matin de l’embuscade, le lieutenant Mallet est passé chez moi et m’a dit : « on va faire un coup de main sur la 94 mais vous ne pouvez pas y participer ». On n’avait que très peu d’armes.  Les plus âgés étaient un peu armés, (par les containers laissés un peu hors de Savines, je crois) y participeront. « Nous sommes trop nombreux. Je te charge d’avertir le groupe, de faire comme d’habitude et de vous faire voir pour que l'on ne pense pas que des gens de Savines soient à l’origine de l’embuscade ». Son souci était les représailles.

Nous, les jeunes qui faisions partie de son groupe n’étions pas très contents. Ceux qui participaient à l’action étaient des Résistants mais plutôt indépendants.

Cette embuscade a eu lieu. Ils sont tombés sur un camion de la milice. La milice a eu 1 tué, 3 blessés et ils ont fait 7 prisonniers. De notre côté, un jeune plus jeune que nous venant de Pontis a participé à l’opération, car ce groupe n’était pas trop nombreux, et a été tué [Maurice Tiran].

La chute d'un avion américain vers Prunières

Le 16 juillet 1944, un liberator de l’armée américaine survolait Savines. Nous nous sommes rendu compte que le moteur avait des ratées. Tout l’équipage a été parachuté. Nous avons bien compris qu’ils n’étaient pas Allemands et nous nous sommes portés à leur secours. Il n’y avait pas de blessés.  Nous les avons ramenés à Prunières.  Les gens de Prunières les avaient aussi vus, car c’est là où leur avion est tombé. Nous avons remis l’équipage au maquis Mermet (je crois) venant de Reallon. Ramener ce groupe à Grenoble à travers les montagnes fut, paraît-il un grand périple de 15 jours. Ces aviateurs ont été reconnaissants à la population française et sont revenus nous remercier à Savines-le-lac durant la période où j’y fus maire.

Vers la fin de la guerre, le Commandant Terrasson-Duvernon a regroupé tous les Résistants (Forces Françaises de l’Intérieur) pour former un bataillon. Sur 3 000 F.F.I., seuls 600 s’y sont engagés.

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Bienvenue dans ce blog consacré à la vie embrunaise durant la seconde guerre mondiale : la vie quotidienne, les maquis, les acteurs, les bombardements, les victimes, les différents destins. De l'occupation italienne à la libération, le récit de ces 6 années à partir de documents, de mémoires tirés souvent à quelques exemplaires à compte d'auteurs et que l'on ne retrouve pas toujours sur Internet.

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