Georges Pianfetti, maquisard du Boscodon
Dit Mitchou
Maquisard avec le rang de caporal. Passe l'été 1943 au camp n° 2. Bénéficiant d'une permission le 16 mai 1944, il a échappé à la rafle du Boscodon.
Cérémonie du souvenir Avril 1968. De gauche à droite et bas en haut : Honoré Romane, Georges Pianfetti, André Dorelon, Marius Mauduech, Vincent Clairion, Alfred Ordano, Marcel Imbert, Marie Liotard, Madame Richiardi, Jacques Blanc, Juliette Clairion, Madame Dorelon, Madame Ordano
Pour échapper au S.T.O (il fait partie de la classe 43) il se réfugie à Châteauroux en compagnie d’Alfred Ornano, Martial Nicolas et Simon Richiardi.
Les caches
Le 24 avril 1944, Marcel Imbert et Guieu de Savines le conduisent à la grotte de l’Embourcette près des Terrassettes où il rejoint des « Gapençais ».
Ensuite ce fut la triste routine de la vie de hors-la-loi coupée du monde et reclus dans la clandestinité. (…) une vie faite de perpétuels déplacements à travers la forêt et la montagne, entrecoupée d’alerte et d’ennui, où partageant les mêmes rêves et les mêmes angoisses, l’on se forge de solides amitiés.
Cabane de Fémouras Georges Pianfetti, Georges Faure, Marius Mauduech. Photo Georges Pianfetti
J’eus à connaître les campements successifs des Terrassettes à la combe d’Izoard, de la Charance à Morgon, de la Montagne à Fémourras… avec toujours un bref passage par l’abbaye de Boscodon.
Les alertes
À chaque fois, des grappes de souvenirs s’accrochent à ces multiples escales : l’alerte des Italiens aux Terrassettes, la peur du gendarme à la combe d’Izoard, la froide solitude de l’abri de la Charance, la neige profonde de Fémouras sans oublier l’arrivée au bord de l’épuisement de Marius Mauduech à Boscodon [mitraillé et blessé alors qu’il rendait visite clandestinement aux siens à Beauvillard ] et bien sûr le choc du désastre du 16 mai 1944.
Cabane de Charance avec Marius Mauduech, André Michel , Simon Richiardi, Martial Nicolas, Louis Detomasi, Georges Pianfetti. Photo Georges Pianfetti
Il échappe à la rafle du Boscodon
Un drame auquel j’ai providentiellement échappé grâce à ma mère qui était tout pour moi et à qui je dois 2 fois la vie ! En effet, ce jour-là, celle-ci étant gravement malade, j’étais à son chevet, ayant été autorisé à me rendre auprès d’elle à Embrun que j’avais pu rejoindre avec d’infinies précautions par des chemins détournés.
Simon Richiardi, Martial Nicolas, Georges Pianfetti (à droite) à Boscodon. Ses 2 amis n'auront pas sa chance et seront raflés et mourront en déportation. Photo Georges Pianfetti
Nouvelle clandestinité
[ Après la rafle, Georges Pianfetti rejoint Marcel Imbert ] qui avait été contraint de prendre lui-même le maquis au quartier de l’Hubac du côté de la montagne de Crots. (…) Il n’en demeure pas moins que les semaines qui suivirent furent dures, marquées par une accélération des actions en tous genres (…) une lutte sans merci contrariée en ce qui nous concerne par bien des occasions perdues [ comme l’attaque des Eaux-douces ].
La victoire
Cette victoire j’allais enfin la savourer un jour d’été 1944 dans la joyeuse débandade des troupes alliées remontant vers la frontière. C’était ce jour-là le tour des Gourniers marocains. Nous étions nous cantonnés à la caserne des Gardes-Mobiles, caserne Surian à Embrun.
Libération d'Embrun. Une jeep en tête de convoi. Personne n'avait encore jamais vu un tel véhicule. Document Roger Cézanne
Un homme corpulent (…) s’avança vers moi. Il me demanda d’où je venais. « Du maquis du Boscodon » lui dis-je et je lui racontais brièvement notre action, nos malheurs… Me regardant droit dans les yeux, il me dit : « Nous sommes fiers de ce que vous avez fait, dites-le à vos camarades.» Puis me tendant la main, il glissa dans la mienne un billet de 500 F. Comme je m’en défendais, il ajouta d’un ton sans réplique : « C’est un ordre ! Vous irez le boire ensemble avec vos camarades ». Puis le groupe s’éloigna alors en direction de la cathédrale.
Je ne sus qu’après qu’il s’agissait du général Guillaume.