Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Embrun 1939-1945
25 octobre 2011

Pierre Dumaine, maquisard du Boscodon

Dumaine et Imbert

Pierre Dumaine et Marcel Imbert lors d'une commémoration. Photo Roger Cézanne

Pierre Dumaine faisait partie du maquis du Boscodon. Bien qu’échappant à la rafle du 16 mai 1944, il sera arrêté, mais sera arrêté


Son témoignage

Réfractaire au STO

Faisant partie de la classe 42, il fait partie des 133 000 ouvriers qu’Hitler réclamait à Pierre Laval.

Mais (…) le 27 février 1943, de Radio Londres, le message du Général de Gaulle à la jeunesse de France nous parvenait…

« L’ennemi veut vous mobiliser pour travailler à son profit, faites tout pour lui échapper ; groupez-vous avec discipline dans les Organisations de la Résistance, suivez les consignes ; c’est votre Honneur aujourd’hui, il contient l’avenir de la France… »

Affiche contre le STO

Affiche contre le STO

À cet appel, qui exprimait mes intimes convictions, rien d’étonnant que j’ai répondu présent, le 30 mai 1943, lorsque, chargé sur un camion allemand prévu pour nous déporter, profitant d’un arrêt, pour regroupement, je me suis évadé.

Grâce aux cheminots de Veynes, il rejoindra les Hautes-Alpes et arrivera caché dans un tombereau à Pontis chez Monsieur Coucy

Et ce fut une longue marche à travers les champs et les bois (…). C’est ainsi que je suis arrivé à la cabane du Morgonet, sorte de petit abri à brebis, sans plus. Dur dur pour un citadin.

(…) La vie de bohème, d’homme traqué, du jeune Français résistant, recherché par l’ennemi était commencée… cette nouvelle vie fut assez vite perturbée part une alerte brutale, le 6 juillet, annonçant l’arrivée des soldats italiens. Aussitôt, ce fut l’escalade en forêt, une autre épreuve physique et morale. Cette épopée nous conduisit dans la forêt du Morgon où un relais avec Monsieur Mourre de Savines nous permis d’être dirigé sur Boscodon et de là, dans une sorte de « grotte », nous étions le 16 juillet 1943.

Manger

(…) Avec mes 5 compagnons de Pontis, nous fûmes rejoints par Antoine Garcia et 2 espagnols Arenas et Manuel (…) notre souci principal était de se nourrir. Un vieux chaudron noirci par un feu de bois était notre seul récipient. Arenas et Manuel faisaient des merveilles.

Car il faut trouver à manger : capture de marmotte, de loir et même d’une vachette.

Si les framboises et les fraises sauvages nous régalaient, les épis cuits à l’eau et au sel , ce dernier récupéré dans les auges en bois des alpages, nous offraient le plat de résistance auquel se sont ajoutés par la suite, bien dépiautés, les loirs des bois… Le plus dur était la capture, mais nous avions un spécialiste, Vallon, qui avait rejoint le groupe et qui, avec l’appui d’une lampe électrique et d’un bâton, arrivait à ses fins.

Survivre dans une grotte

De ce site, nous apercevions Boscodon d’où, par un système de draps blancs, nous pouvions communiquer.

L’automne arrivait, une sorte de besoin d’action, d’énervement nous avait envahis ; certains se risquaient à descendre jusqu’à Boscodon même.

Interdiction de faire du feu, car la fumée pourrait être repérée de la vallée.

 (…) Les nuits étaient froides, les couvertures insuffisantes, nous dormions les uns contre les autres, l’entrée de la grotte protégée par des branchages.

Début décembre 1943 : neige, froid, la situation est à peine viable. Un soir, je fus pris de fièvre, les copains, mis en alerte, quittèrent le camp pour Boscodon, je restais seul. Un orage épouvantable, comme ils sont souvent en montagne, lâchait des trombes d’eau. À la tombée de la nuit, le groupe revient ; j’étais autant mouillé de fièvre et de sueur qu’eux de pluie.

Il fut décidé de me faire rejoindre Savines et Camille Reynaud ; nous étions le 15 décembre 1943, j’avais eu mes 21 ans la veille .

Arrêté et torturé

Moi-même, j’ai dû connaitre l’arrestation, la villa Mayoli [siège de la Gestapo à Gap ] et ses interrogatoires, sa torture, l’internement, les voyages comme otage pare-balles sur le toit des camions entre Gap et Grenoble avec le docteur Coronat.

Bandol, le 21-12-1994.

La ferme des frères Reynaud abritait un hôpital clandestin. La Gestapo y débarquera en 1944, sur dénonciation de Paul Teston.


Témoignage publié dans le livre de Marcel Imbert Le Maquis du Boscodon 1943-1945


 

Publicité
Commentaires
Publicité

Notre site a déménagé. Plus beau, plus complet : https://embrun3945.wordpress.com/

Bienvenue dans ce blog consacré à la vie embrunaise durant la seconde guerre mondiale : la vie quotidienne, les maquis, les acteurs, les bombardements, les victimes, les différents destins. De l'occupation italienne à la libération, le récit de ces 6 années à partir de documents, de mémoires tirés souvent à quelques exemplaires à compte d'auteurs et que l'on ne retrouve pas toujours sur Internet.

Le plan du site
Publicité